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V

LE CŒUR DE MARBRE


— Valentine —

Ceci, chers lecteurs, serait un conte difficile à dire, si vous n’étiez pas là pour nous aider, tous tant que nous sommes, quand la tâche devient trop délicate. N’est-ce pas à vous qu’on doit la suave figure de Mignon, non décrite par le poëte ? N’avez-vous pas dessiné Laure et Béatrix d’après votre rêve, et Ariel d’après votre fantaisie ? N’avez-vous pas travaillé, pour la moitié au moins, aux romans de Boccace et à ceux de La Fontaine, et n’êtes-vous pas toujours là pour donner le fameux ut à la place de Gueymard et à la place de Tamberlick ? Cet ut (qu’on ne s’y trompe pas !) sort bien moins de leurs gosiers que de vos poitrines, et quand Paganini jouait du violon avec une canne, c’était avec votre canne. Aidez-moi donc à marcher dans mon sentier si étroit, entre des abîmes ! car j’entreprends une rude affaire ; je veux faire passer sous vos yeux le profil indécis de la trop célèbre Valentine : mais… ne le fallait-il pas ?