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CHAPITRE IV
Apothéose triomphante de Naïs, crêpe bleu, lycopode et feux de Bengale.


Mais que m’importent Ninette, Louisa et madame Julie ? La voilà celle que j’ai vraiment aimée ! Oui, c’est toi, Naïs, Naïs, doux nom virgilien ! nom de poëme et d’églogue.

Oui, je te vois, Naïs bien aimée ! mes vraies amours ; c’est ton corps deviné par le seul Rubens, et cette tête enfantine, toute blonde, ces grands yeux étonnés, cette petite bouche écarlate, bouche de petite fille ! Ses dents étaient blanches, blanches, mais pas d’une blancheur cruelle, comme celles d’Henriette. J’aimais surtout ses pieds et ses mains, si beaux, si purs, si bien proportionnés, mais qui avaient le bonheur de n’être pas tout petits ; car c’est une terrible chose, les mains et les pieds de roman ! Elle avait été au couvent, et lorsqu’elle chantait le Stabat ou Inviolata, c’était à ravir le paradis et Racine lui-même. Elle sait aussi des chansons populaires, cette enfant née au village, et je jure que c’est la vraie poésie et la vraie musique ! Que me parlez-vous de mademoiselle