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Que le doux vent d’été baise ta gorge nue !
La lèvre humide encor du nectar que tu bois,
Montre l’Humanité, cette race ingénue,
Pareille, en sa démence, aux animaux des bois !

Montre ces insensés, et l’homme, et l’homme, et l’homme,
Penché vers l’ombre, au lieu de regarder le jour,
Que devant lui, pareils à des bêtes de somme,
Chasse, à grands coups de fouet, l’inévitable Amour !

Ris avec Plaute, avec l’ingénieux Térence !
Mais en donnant la vie à leurs acteurs bouffons,
Enivre-toi déjà, Muse, de l’espérance
Qui tombe jusqu’à toi du haut des cieux profonds.

Car pour mêler sa flamme avec la fange humaine,
Pour livrer l’Imposteur à l’éternel tourment,
Et montrer le roi Zeus rêvant aux pieds d’Alcmène,
Un homme un jour viendra, qui sera ton amant.