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selle, vous me trouverez prête à vous obéir et à vous servir en toute occasion, à cacher vos fautes, si vous en faites, et à suivre de mon mieux vos commandements. Mais je ne veux pas m’en aller d’ici, et je suis trop attachée à la maison.

— C’est bon, dit Rosalie Hulin, je tâcherai d’arranger cela et j’y réfléchirai. En attendant, va garder tes vaches. »

Arranger ça ! et comment ? La servante se brisait la tête à y réfléchir, mais la vie sait tout dénouer avec ses combinaisons mystérieuses. Aux suivantes vacances de Pâques, pendant les quelques jours que la petite Julie Simonat était venue passer chez son père, avec son frère François, elle fut attaquée de la petite vérole. La dévouée Rosalie s’installa à son chevet, la soigna comme une mère, ne la quitta ni jour ni nuit, et, la guérit enfin ; mais elle-même gagna la maladie de l’enfant, et mourut au milieu de longues et cruelles souffrances. M. Simonat qui, en sa qualité de tyran, a le goût invétéré du mariage, a épousé un an après sa voisine, la riche Mme Dufourcq, dont il convoitait les vastes propriétés, et naturellement, c’est Suzanne qui est devenue la belle femme de chambre. Très entendue et très fine, elle a su, en suivant les traditions de sa devancière, se dévouer parfaitement à sa maîtresse, et lui éviter de nombreux ennuis. Comme Rosalie aussi, elle protège et défend de son mieux les enfants Simonat ; elle maintient le bon ordre et la propreté dans la maison, et tout doucement, sans faire semblant de rien, elle est devenue riche. Cette spirituelle personne, qui se propose d’aller plus tard à Paris, a très bien su garder