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tions qui bavardent, ou comme à d’autres époques, une plate et stérile imitation de la vie. Tous les maîtres, tous les génies ont été pénétrés de cette vérité ; c’est pourquoi Corneille écrivait ses monologues rhythmés et ses stances, Racine ses chœurs admirables, Molière ses divertissements où intervient la poésie pure ; et c’est pourquoi, dans l’œuvre shakespearienne, la voix du drame est si étroitement mêlée avec celle de la lyre. La bouffonnerie ouïe comique, c’est-à-dire la représentation de l’homme-animal, faisant la grimace de ses vices et de ses appétits, soulève notre cœur de dégoût, si à côté de ces images de notre chair éprise de la fange, nous ne voyons pas celle de nos âmes avides du ciel, et le réclamant dans un langage surnaturel et divin. Le juste amalgame de ces deux éléments, c’est Aristophane ; le comique sans lyrisme n’est qu’un spectacle de marionnettes. Notre poésie dramatique, d’où peu à peu s’était enfui le souvenir de l’Ode, était tombée au dernier degré d’appauvrissement et de misère, quand Hugo parut, et dans ses puissants creusets, ressuscitant Shakespeare, mélangea si intimement la poésie tragique et la poésie lyrique, pour en faire comme un seul et même métal, qu’il semble impossible de les séparer désormais. Ce qu’il a fait pour la Tragédie, dans mon petit coin, avec mes humbles forces, et sans en rien dire, j’ai tenté de chercher comment on pourrait le faire pour la Co-