Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée

Gautier, pensif et doux, qui semble un jeune dieu,
Réfléchit l’univers dans sa prunelle en feu,
Et quand Heine, d’un vers joyeux et plein de haine,
Perce les serpents vils de la Bêtise humaine,
On croit voir sur la fange et dans l’impur vallon
Pleuvoir les flèches d’or de son père Apollon.
   Nos horizons lointains de clarté se revêtent,
L’air vibre, et c’est ainsi que ces lyriques jettent
Aux quatre vents du ciel leurs chants nobles et purs ;
Et la Muse les guide aux prodiges futurs,
Et mûrit lentement leur œuvre qu’elle achève,
Sage, car elle sait ; jeune, car elle rêve !
Son jour se lève bleu. Sur ses bras assouplis
Flotte un voile pourpré. Les temps sont accomplis.
Ô Déesse, âme, esprit, clarté, Muse nouvelle,
Qui renais du passé plus farouche et plus belle,
Toi qui mènes aussi tes enfants par la main,
Charmeresse au grand cœur, montre-moi le chemin !


Janvier 1842.