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Avec mille bijoux, plumages et colliers.
Parfois sous de riants habits de cavaliers,
Égrenant sur leurs pas de folles épigrammes,
Elles courent les champs, enamourent les femmes,
Ont un beau nom de page, et vont prendre le frais
Avec leurs diamants dans de petits coffrets.
   Des Céladons rimeurs, amants d’une égérie,
En habit de satin font de la bergerie,
Sont en grand désespoir, et, couchés sur le dos,
Regardent le soleil en faisant des rondeaux.
Mais la belle est un peu tigresse, et désappointe
Le concetti final, au moyen d’une pointe.
Les amoureux, gens nés, prennent bien leurs revers,
Parlent en prose, à moins qu’ils ne disent des vers,
Et ne s’empressent pas vers leur épithalame,
Sachant qu’Hymenaeus, au dénoûment du drame
Viendra tout arranger avec ses vieux flambeaux.
Mais, pour servir de fleurs ils ont des madrigaux
Et les fichent après un arbre, qui s’empresse
De les faire tenir sans faute à leur adresse.
Dans des chars blonds, formés d’une écorce de noix
Et de fils d’araignée en guise de harnois,
On voit passer au loin de gracieuses fées
Qui chantent au soleil, bizarrement coiffées.
Les Ariels ont tous deux sexes ; les lézards
Savent la pantomime et cultivent les arts.
Des gens à tête d’âne arrivent, quoi qu’on die,
Devant des seigneurs grecs jouer leur tragédie,