Alors elles iraient, en pourpoint mi-parti,
Chercher des coupes pleines
De ce nectar divin, le Lacryma-Christi,
Qui coulerait aux plaines.
Et comme elles seraient notre ange, notre amour
Et notre page rose,
Elles nous serviraient de compagnons le jour,
Et la nuit d’autre chose.
Ou bien elles auraient des arcs et des carquois
En chasseurs d’alouettes,
Nous diraient des chansons, rouleraient de leurs doigts
Nos molles cigarettes,
Avec la soie et l’or feraient pour les amants
De merveilleuses trames,
Déchireraient en bloc nos vers et nos romans
Et brûleraient nos drames.
J’oubliais de te dire, à ce qu’il me paraît,
Une chose importante !
Comme ici-bas, chacun, où bon lui semblerait,
Pourrait planter sa tente,
Et libre d’être gueux et de tenir son rang
Sous la tiède atmosphère,
Sans écrire de prose et sans verser de sang
Y vivre à ne rien faire,
Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/255
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