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Mais surtout dire à tous que tu grandis encore,
Ô notre chêne ancien que le vieux gui décore,
         Arbre qui te déchevelais
Sur le front des aïeux et jusqu’à leur épaule,
Car Gautier et Balzac sont encore la Gaule
         De Villon et de Rabelais !

Montrer l’Antiquité largement compensée,
Et comparant de loin ces œuvres de pensée
         Qu’un sublime destin lia,
Répéter après eux, dans leur langage énorme,
Ce que disent les vers de Marion Delorme
         Aux chapitres de Lélia !

Pas à pas dans son vers suivre chaque poème,
Chaque création arrachée au ciel même,
         Et surtout le vers de Musset,
Fantasio divin, qui, soit qu’il se promène
Dans les rêves du ciel ou la souffrance humaine,
         Devient un vers que chacun sait !

Enfin, pour un moment traînant mes Muses blanches
Sur les hideux tréteaux et les sublimes planches,
         Aller demander au public
Les noms de ceux qui font sa douleur ou son rire,
Puis, avant tous ces noms, sur le feuillet inscrire
         George, Dorval et Frédérick !