Page:Banville - Œuvres, Les Cariatides, 1889.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les Cariatides

 
C’est un palais du dieu, tout rempli de sa gloire.

Cariatides sœurs, des figures d’ivoire
Portent le monument qui monte à l’éther bleu,
Fier comme le témoin d’une immortelle histoire.

Quoique l’archer Soleil avec ses traits de feu
Morde leurs seins polis et vise à leurs prunelles,
Elles ne baissent pas les regards pour si peu.

Même le lourd amas des pierres solennelles
Sous lesquelles Atlas plierait comme un roseau,
Ne courbera jamais leurs têtes fraternelles.

Car elles savent bien que le mâle ciseau
Qui fouilla sur leurs fronts l’architrave et les frises
N’en chassera jamais le zéphyr et l’oiseau.