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Oui, mourons aujourd’hui. Car si ma douleur cesse,
Je laisse l’agonie à celle que j’aimais.
Au milieu des plaisirs, du bruit, de la paresse,
Des chants dont la splendeur ne s’éteindra jamais
Avec tes pleurs divins lui rediront sans cesse :
Regarde, ô lâche cœur, la tombe où tu le mets !

Par malheur, Sténio ne savait pas maudire.
Il perdit, le poète à la coupe de miel !
Ces vers mélodieux pleins de rage et de fiel.
Je cherche en vain, dit-il, mon superbe délire,
Car moi, je n’étais rien que la voix d’une lyre,
Et mon âme vivante est remontée au ciel !