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IV

Oh ! ne l’écoute pas, viens à moi, me dit-elle,
Pour t’emporter ce soir j’ai veillé bien des jours ;
Vois, mon cœur ne bat plus, ma joue en pleurs ruisselle,
Mes cheveux déroulés m’inondent ; je suis celle
         Dont les bras s’ouvrent pour toujours !

Mon amour éternel est chaste, calme et tendre ;
Loin du monde aux longs bruits tristes comme un tocsin,
Dans mon beau lit de marbre, où tu pourras t’étendre,
Tu dormiras longtemps sans jamais rien entendre,
         La tête appuyée à mon sein.

De légères Willis aux tuniques flottantes
Feront en se jouant notre lit tous les soirs ;
Malgré nos lourds rideaux sur nos chairs palpitantes,
Souvent nous sentirons s’envoler vers nos tentes
         Un parfum lointain d’encensoirs.