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                           Damète.

Quand je vis Délia pour la première fois,
Elle avait sur le Tibre un cortège de rois,
On délaissait pour elle Aglaé de Phalère,
Et ses rameurs portaient la pourpre consulaire !

                           Daphnis.

Quand j’aperçus Phyllis, elle cueillait ces fleurs
Que la Nuit, en fuyant, arrose de ses pleurs ;
C’était près du ruisseau, sous l’ombrage des saules.
Ses cheveux déroulés inondaient ses épaules.

                           Damète.

Écho suivait de loin les lyres à dix voix.

                           Daphnis.

La brise et les oiseaux se parlaient dans les bois.

                           Damète.

Hélas ! comment trouver le bonheur que j’espère ?
J’ai vendu l’héritage et le champ de mon père,
J’ai possédé trois jours la jeune Délia,
Qui trois jours m’endormit près d’elle, et m’oublia.

                           Daphnis.

Phyllis sera bientôt mon épouse chérie,
Reine dans ma chaumière, et nymphe en ma prairie,
De son sourire d’or éclairant mon verger,
Et redira tout bas les chants de son berger.