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Or, dites-moi, rêve céleste,
Pour que votre belle âme reste
En proie à mon amour funeste,
Les crimes que vous expiez ?
Parlez-moi, pour que je devine
De quel feu bout votre poitrine,
Et quelle colère divine
Vous met pantelante à mes pieds ?

Avez-vous surpris chez les anges
Le secret des strophes étranges
Qu’ils murmurent, quand leurs phalanges
S’envolent dans les airs subtils ?
Au Vatican, sur une toile,
Avez-vous dérobé l’étoile
Qu’une sainte paupière voile
Avec un réseau de longs cils ?

Ô vous que la lumière adore,
De quel astre et de quelle aurore
Venez-vous, radieuse encore ?
Je ne sais ; en vain, ce trompeur,
L’espoir, me caresse et me blâme ;
Je ne sais quel souffle en votre âme
Alluma cette mer de flamme,
Ô jeune déesse, et j’ai peur.