Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
le sang de la coupe

 

Vous en qui je salue une nouvelle aurore,
Vous tous qui m’aimerez,
Jeunes hommes des temps qui ne sont pas encore,
Ô bataillons sacrés !

Et vous, poëtes, pleins comme moi de tendresse,
Qui relirez mes vers
Sur l’herbe, en regardant votre jeune maîtresse
Et les feuillages verts !

Vous les lirez, enfants à chevelure blonde,
Cœurs tout extasiés,
Quand mon cœur dormira sous la terre féconde
Au milieu des rosiers.

Mais moi, vêtu de pourpre, en d’éternelles fêtes
Dont je prendrai ma part,
Je boirai le nectar au séjour des poëtes,
À côté de Ronsard.