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le sang de la coupe

La Muse des vingt ans

PROLOGUE
écrit pour la première représentation de « sappho »
Drame de Philoxène Boyer.


La Fantaisie.

Mesdames et Messieurs, pardonnez-moi si j’ose,
Pauvre Muse troublée, affronter vos regards ;
Je suis la Fantaisie aux doigts couleur de rose,
La Muse des vingt ans, chercheuse de hasards.

Je tremble devant vous, ô foule ! hôtes illustres,
Ô lèvres de penseurs, ô corsages fleuris !
Moi qui vois resplendir sous l’éclat de ces lustres
Toutes les majestés dont rayonne Paris ;

Tout ce qui brille encor dans la moderne Athènes,
Toutes les mains de lys et tous les bras charmants,
Les grands fronts éblouis et les beautés hautaines
Dont les yeux font pâlir l’éclair des diamants.