Page:Banville - Ésope, 1893.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
ÉSOPE

Crésus

Ta gloire est un soleil en flamme. Taisez-vous
Encore un moment. Si le silence vous pèse,
Vous pourrez me parler tout à l’heure à votre aise.

(Entrent, précédés par Sophion, Ceyx et Lichas apportant le coffre d’Ésope qu’ils posent à terre).
Sophion, à Crésus.

Voici le coffre.

Ceyx, à Lichas.

Voici le coffre. Eh bien ! s’il contient en effet
Des tas d’or, —

Lichas, à Ceyx.

Des tas d’or, — Il est fort léger.

Ceyx, à Lichas.

Des tas d’or, — Il est fort léger. Oui.

Lichas, à Ceyx.

Des tas d’or, — Il est fort léger. Oui. Tout à fait.

Ceyx, à Lichas.

Je crois plutôt que dans ses flancs il enveloppe —

Lichas, à Ceyx.

De riches diamants !

Ceyx, à Lichas.

De riches diamants ! Oui.

Crésus, à Sophion.

De riches diamants ! Oui. Fais venir Ésope.

(Sophion sort et rentre aussitôt amenant Ésope. L’esclave est triste et résigné, mais sans abaissement. Il est vêtu de la même tunique simple qu’il portait à l’acte précédent, mais il n’a plus le riche manteau éclatant de broderies qui le couvrait. Tous les yeux s’attachent sur lui avec une fixité curieuse et hostile).