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ÉSOPE

Orétès, à Ésope.

Ami, Crésus est beau sur son trône d’ivoire ;
Mais ce Roi, meurtri par la mort du jeune Atys,
Est très songeur, depuis qu’il a perdu son fils.

Cydias

Oui, ce victorieux est mûr pour la défaite.

Orétès

Si tu veux, tu vivras une éternelle fête,
Où, superbe, et vêtu de glorieux habits,
Tu boiras des vins dans les coupes de rubis.

Cydias

Autour de toi, le long des murailles fleuries,
Des femmes aux beaux seins ornés de pierreries,
Au bruit des instruments chanteurs, balanceront
De légers éventails de plumes sur ton front.

Orétès

Et tu verras leurs corps aux gracieuses poses,
Ondoyer sous les clairs filets de perles roses.

Cydias

Sois très joyeux.

Orétès

Sois très joyeux. Et s’il te faut de l’or, prends-en
Partout.

Cydias

Partout. Chez le seigneur et chez le paysan.

Orétès

Si tu veux quelque femme ou quelque jeune fille,
Prends-la, sans nul souci du père de famille.
Ami, triomphe sans partage et sans rival I

Cydias

Tu peux, si tu le veux, pousser ton noir cheval
À travers les épis d’or et les champs de roses,
Puisque tout s’offre à toi, les hommes et les choses,