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tine et des mains mignonnes frappées de fossettes. (P. 376-77. Mademoiselle Georges ; Figaro du 26 octobre 1837.)
Les grandes robes de lampas ou de brocatelle aux plis soutenus et puissants, les hautes fraises godronnées… les manches à crevés et à jabots de dentelles à plis soutenus et puissants, où elles s’entouraient de fraises godronnées, cachaient leurs bras dans des manches à crevés à jabots de dentelles, d’où la main sortait comme le pistil d’un calice… (P. 93. Le Siècle, 20 avril 1839.) Le costume du temps où les femmes avaient des corsets pointus à échelles de rubans, s’élançant minces et frêles de l’ampleur étoffée des jupes en brocart dont la main sort comme le pistil du calice d’une fleur. (P. 385. Jenny Colon déjà citée.)

Rien de plus concluant, on le voit, et il serait facile de multiplier ces exemples. Faut-il croire à une collaboration secrète de Gautier ? Il paraît beaucoup plus sûr de s’en tenir à une imitation de Balzac, qui, en s’efforçant de s’assimiler un style qu’il admirait, a poussé son imitation un peu trop loin, çà et là jusqu’à la copie. Ces rapprochements piquants nous révèlent toutes les minuties de son procédé, l’effort laborieux de son enfantement littéraire ; nous le surprenons, pour ainsi dire, peignant au pointillé, empruntant quelques touches aux portraits de Jenny Colon et de madame Damoreau pour composer la figure de Fanny O’Brien, et rehaussant, renforçant celui de Camille Maupin de traits qu’il dérobe à la puissante effigie de mademoiselle Georges. On a dit souvent que George Sand était l’original de la Camille Maupin de Balzac ; on voit que mademoiselle Georges lui a servi aussi de type, au moins physiquement. Comme l’abeille, Balzac picore partout, mais, alourdi par son butin et gêné dans son vol, il ne ressemble pas plus à son modèle que l’inventaire d’un commissaire-priseur ne ressemble au tableau d’un peintre.

XXX. Balzac à l’Académie (conversations de Victor Hugo recueillies par Richard Lesclide). La Lune Rousse, 8 mars 1877. Voici cet intéressant récit.

COMMENT HONORÉ DE BALZAC EUT DEUX VOIX
QUAND IL SE PRÉSENTA À L’ACADÉMIE FRANÇAISE
(Récit du 2 mars 1877.)

Je passais en voiture dans la rue du Faubourg-Saint-Honoré, quand devant l’Élysée j’aperçus M. de Balzac qui me faisait signe d’arrêter. Je voulus descendre, mais il m’en empêcha et me dit en me prenant les mains :

— Je voulais aller vous voir. Vous savez que je me porte à l’Académie ?

— Non.