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n’avait plus qu’une chemise sur lui. Depuis trois jours il vivait d’un pain, en en coupant des morceaux avec une certaine discrétion, et il se demandait : « Que faire ? » au moment où son ancien protecteur se montra, sortant de prison et gracié. Quant aux projets que ces deux hommes firent devant un feu de coterets, l’un enveloppé de la couverture de son hôte, l’autre de son infamie, il est inutile de les rapporter. Le lendemain, Cérizet qui, dans la matinée, avait rencontré Dutocq, apportait un pantalon, un gilet, un habit, un chapeau, des bottes achetées au temple, et il emmena Théodose pour lui donner à dîner. Le provençal mangea chez Pinson, rue de l’Ancienne-Comédie, la moitié d’un dîner qui coûta quarante-sept francs. Au dessert, entre deux vins, Cérizet dit à son ami :

— Veux-tu me signer pour cinquante mille francs de lettres de change en te donnant la qualité d’avocat ?…

— Tu n’en ferais pas cinq mille francs… dit Théodose.

— Cela ne te regarde pas ; tu les paieras intégralement ; c’est notre part, à monsieur qui te régale et à moi, dans une affaire où tu