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marchand de vin ou son garçon numérotaient les hommes à leurs chapeaux et les femmes au dos. On se vendait, comme les fiacres sur la place des numéros de tête pour des numéros de queue. Par certains jours où les affaires à la halle voulaient de la prestesse un numéro de tête s’achetait un verre d’eau-de-vie et un sou. Les numéros sortants appelaient les suivants dans le cabinet de Cérizet, et il s’élevait des disputes. Cadenet mettait le holà, en disant :

— Quand vous ferez venir la garde et la police, en serez-vous plus avancés, il fermera boutique.

IL était le nom de Cérizet. Quand, dans la journée, une malheureuse femme au désespoir, sans pain chez elle, et voyant ses enfants pâlis, venait emprunter dix ou vingt sous :

— Y est-il ? était son mot au marchand de vin où à son premier garçon.

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Cadenet, gros homme court, habillé de bleu, à manches de dessus en étoffe noire, à tablier de marchand de vin, la casquette sur la tête, semblait un ange à ces pauvres mères quand il répondait :

— Il m’a dit que vous étiez une honnête