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Ce Poupillier, ancien tambour-major aux Gardes Françaises, avait passé deux ans avant 1789 au service de l’Église en devenant suisse de Saint-Sulpice. La révolution l’avait privé de son état, et il était tombé dans une misère effroyable, il fut obligé de prendre la profession de modèle, car il jouissait d’un beau physique. A la renaissance du culte, il reprit la hallebarde ; mais en 1816, il fut destitué, tant à cause de son immoralité que de son grand âge, il passait pour être septuagénaire. Néanmoins, comme retraite, on le souffrit à la porte où il donna de l’eau bénite. En 1820, son goupillon excita l’envie, et il le céda contre la promesse d’être souffert en qualité de pauvre à la porte de

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l’Église. En 1820, riche de quatre-vingts ans sonnés, il s’en octroya quatre-vingt-seize et commença le métier de centenaire. Dans tout Paris, il était impossible de trouver une barbe et des cheveux comme ceux de Poupillier. Il se tenait courbé presqu’en deux, il tenait un bâton d’une main tremblotante,