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ses cornes dorées, dans la personne de madame Cardinal. Il avait toujours eu des considérations pour cette femme, et il lui promettait, depuis un an surtout, la somme nécessaire pour acheter un âne et une petite charrette, afin qu’elle pût faire son commerce en grand en allant de Paris à la banlieue. Madame Cardinal, veuve d’un fort de la halle, avait une fille unique dont

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la beauté fut vantée à Cérizet par d’autres commères. Olympe Cardinal était âgée d’environ treize ans, quand, en 1837, Cérizet commença le prêt dans le quartier, et dans un but de libertinage infâme, il eut les plus grandes attentions pour la Cardinal, il l’avait tirée de la plus profonde misère en espérant faire d’Olympe sa maîtresse ; mais en 1838, la petite fille avait quitté sa mère, et faisait sans doute la vie, pour employer l’expression par laquelle le peuple parisien peint l’abus des précieux dons de la nature et de la jeunesse. Chercher une fille dans Paris, c’est chercher une ablette en Seine, il faut le hasard d’un coup de filet. Ce hasard était venu. La mère Cardinal, qui, pour régaler une commère, l’avait menée au Théâtre de Bobino, lundi, venait de trouver