Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée

en se mettant sous les yeux du plus redoutable des avoués de Paris. En entrant, et tout en saluant, il observa Sauvaignou. C’était, comme le nom le lui faisait pressentir, un Marseillais, un premier ouvrier placé, comme son nom de marchandeur l’indiquait, entre les ouvriers et le maître menuisier en bâtiment pour soumissionner l’exécution des travaux entrepris. Le bénéfice de l’entrepreneur se compose de la somme qu’il gagne entre le prix du marchandeur et celui donné par le constructeur, déduction faite des fournitures, il ne s’agit que de la main d’œuvre. Le menuisier, tombé en faillite, Sauvaignou s’était fait reconnaître, par jugement du tribunal de commerce, créancier de l’immeuble, et avait pris inscription. Cette petite affaire avait déterminé la dégringolade. Sauvaignou, petit homme trapu, vêtu d’une blouse en toile grise, ayant une casquette sur la tête, était assis sur un fauteuil. Trois billets de mille francs placés devant lui, sur le bureau de Desroches, disaient assez à la Peyrade que l’engagement avait eu lieu, que les avoués venaient d’échouer. Les yeux de Godeschal parlaient assez,