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Godeschal en allant au-devant de la Peyrade.

Les étrangers, les gens de province, les gens du monde ne savent peut-être pas que les avocats sont aux avoués ce que sont les généraux aux maréchaux, il existe une ligne d’exception sévèrement maintenue entre l’ordre des avocats et la compagnie des avoués à Paris. Quelque vénérable que soit un avoué, quelque forte que soit sa tête, il doit aller chez l’avocat. L’avoué, c’est l’administrateur qui trace le plan de campagne, qui ramasse les munitions, qui met tout en œuvre, l’avocat livre la bataille. On ne sait pas plus pourquoi la loi donne au client deux hommes pour un, qu’on ne sait pourquoi l’auteur a besoin d’un imprimeur et d’un libraire. L’ordre des avocats défend à ses membres de faire aucun acte du ressort des avoués. Il est très-rare qu’un grand avocat mette jamais le pied dans une étude ; on se voit au Palais ; mais, dans le monde, il n’y a plus de barrière ; et, quelques avocats dans la position de la Peyrade surtout, dérogent en allant quelquefois trouver les avoués, mais ces cas sont rares et sont presque toujours justifiés par une urgence quelconque.