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SAINT-CHARLES.

Je serais un grand sot, monsieur le duc. Ce n’est pas l’opinion d’autrui, c’est ma position que je voudrais faire changer.

LE DUC.

Et, selon vous, la chose serait très-facile ?

SAINT-CHARLES.

Pourquoi pas, Monseigneur ? Au lieu de surprendre des secrets de famille, qu’on me fasse espionner des cabinets ; au lieu de surveiller des gens flétris, qu’on me livre les plus rusés diplomates ; au lieu de servir de mesquines passions, laissez-moi servir le gouvernement : je serais heureux alors de cette part obscure dans une œuvre éclatante… Et quel serviteur dévoué vous auriez, monsieur le duc !

LE DUC.

Je suis vraiment désespéré, mon cher, d’employer de si grands talents dans un cercle si étroit, mais je saurai vous y juger, et plus tard nous verrons.

SAINT-CHARLES, à part.

Ah nous verrons ? — C’est tout vu.

LE DUC.

Je veux marier mon fils.

SAINT-CHARLES.

À mademoiselle Inès de Christoval, princesse d’Arjos, beau mariage Le père a fait la faute de servir Joseph Buonaparté, il est banni par le roi Ferdinand, serait-il pour quelque chose dans la révolution du Mexique ?

LE DUC.

Madame de Christoval et sa fille reçoivent un aventurier qui a nom…

SAINT-CHARLES.

Raoul de Frescas.

LE DUC.

Je n’ai donc rien à vous apprendre ?

SAINT-CHARLES.

Si monsieur le duc le désire, je ne saurai rien.

LE DUC.

Parlez, au contraire, afin que je sache quels sont les secrets que vous nous permettez d’avoir.

SAINT-CHARLES.

Convenons d’une chose, monsieur le duc : quand ma franchise