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LA DUCHESSE, à sa tante.

Retournez auprès d’Albert, je vous en prie. (À Joseph, lui montrant Saint-Charles.) Vous me répondez de cet homme.

VAUTRIN, à Joseph.

Tu m’en réponds aussi.

SAINT-CHARLES, à Vautrin.

Je comprends, tu m’as prévenu.

VAUTRIN.

Sans rancune, bonhomme !

SAINT-CHARLES, à Joseph.

Mène-moi près du duc.

(Ils sortent.)

Scène XIII.

VAUTRIN, LA DUCHESSE DE MONTSOREL.
VAUTRIN, à part.

Il a un père, une famille, une mère. Quel désastre ! À qui puis-je maintenant m’intéresser, qui pourrais-je aimer ? Douze ans de paternité, ça ne se refait pas.

LA DUCHESSE, venant à Vautrin.

Eh bien ?

VAUTRIN.

Eh bien ! non, je ne vous rendrai pas votre fils, Madame, je ne me sens pas assez fort pour survivre à sa perte ni à son dédain. Un Raoul ne se retrouve pas ! je ne vis que par lui, moi !

LA DUCHESSE.

Mais peut-il vous aimer, vous, un criminel que nous pouvons livrer…

VAUTRIN.

À la justice, n’est-ce pas ? Je vous croyais meilleure. Mais vous ne voyez donc pas que je vous entraîne, vous, votre fils et le duc dans un abîme, et que nous y roulerons ensemble ?

LA DUCHESSE.

Oh ! qu’avez-vous fait de mon pauvre enfant ?

VAUTRIN.

Un homme d’honneur.