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rade. J’amuserai bien le roi demain en lui contant notre petit complot et les enfants élevés à la condition de moyen politique.

— Eh ! mon Dieu, répondit philosophiquement monsieur de l’Estorade, n’est-ce pas ainsi que la vie est faite, les grands effets par les petites causes !

Rastignac venait à peine de partir quand madame de l’Estorade, Naïs, sa fille, et son amie madame Octave de Camps, accompagnée de son mari, entrèrent dans le salon où venait de s’ourdir, contre l’indépendance du nouveau député, la petite trame que nous avons assez longuement exposée comme spécimen des mille et un petits détails auxquels l’intelligence d’un ministre constitutionnel est souvent obligée de s’employer.

— Vous ne trouvez pas ici comme un parfum de ministre ? dit en riant monsieur de l’Estorade.

— Ce n’est déjà pas quelque chose qui flaire si bon, répondit monsieur Octave de Camps, qui était légitimiste, et, partant, de l’opposition.

— C’est selon les goûts, répliqua le pair de France. Ma chère amie, ajouta-t-il, en s’adressant à sa femme, vous arrivez trop tard et venez de manquer une belle visite.

— Qui donc ? demanda négligemment la comtesse.

— Monsieur le ministre des travaux publics, qui était venu pour vous faire agréer ses excuses. Il avait remarqué avec regret la désagréable impression qu’avaient paru faire sur vous les théories de ce mauvais sujet de Ronquerolles.

— C’est prendre du souci pour bien peu de chose, répondit madame de l’Estorade, sans partager l’enthousiasme de son mari.

— Enfin, répliqua le ministre, c’est toujours très-gracieux à lui d’avoir fait cette petite remarque.

Madame de l’Estorade, en évitant de paraître y mettre de l’importance, s’enquit de ce qui s’était dit durant la visite.

— Nous avons parlé, dit finement monsieur de l’Estorade, de choses assez indifférentes, n’était pourtant un mot que