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fus au désespoir en apprenant qu’il s’était mis en bataille à six heures du matin, et qu’il avait trois heures de marche en avance. Mon hôte, comprenant que j’en voulais à Rusca, me proposa de me donner les moyens d’arriver à Brixen avant lui. La tentative était audacieuse, car il fallait m’embarquer dans des chemins de traverse où je pouvais rester ; mais, jeune et dépité comme je l’étais, je fis mon va-tout. Cependant je ne voulus rien négliger : je communiquai mon entreprise à mes sous-officiers, qui crurent leur honneur aussi bien engagé que le mien, nous mêlâmes du vin à l’avoine de nos chevaux, et les bons Allemands, apprenant que nous voulions jouer un tour au Rusca, nous fournirent quatre guides chargés de nous préserver de tout malheur. Effectivement, Rusca nous trouva reposés et en bataille en avant de Brixen, l’attendant avec insouciance.

— Comment, messieurs les b…, vous êtes partis avant nous ?… dit le général. Vous me paierez cela, lieutenant… ajouta-t-il en me regardant.

— Mon général, lui dis-je, vous ne m’avez pas ordonné de vous accompagner ; si vous vous e