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mon mari. Mon bonheur futur, envié par quelques unes de mes compagnes, donnait lieu pour la vingtième fois à des conjectures que je vous épargne, puisque d’après vos récits vous vous en êtes toutes occupées en temps et lieu.

»Trois jeunes personnes de mon âge et moi, qui ne pouvions pas faire ensemble soixante-dix ans, étions groupées devant la fenêtre d’un corridor, d’où l’on voyait ce qui se passait dans la cour du couvent. Depuis une heure environ, nos jeunes imaginations avaient cultivé le champ des suppositions d’une manière si folle et si innocente, je vous jure, qu’il nous était impossible de déterminer en quoi consistait le mariage ; mes idées étaient même devenues si vagues que je ne savais plus sur quoi les fixer.

»Une sœur de trente à quarante ans, qui nous avait prises en amitié, vint à passer ; c’était, autant que je me le rappelle, la fille d’un campagnard fort riche : elle avait été mise au couvent dès sa jeunesse, soit pour avantager son frère, soit à cause d’une aventure qu’elle ne racontait qu’à son honneur et gloire. Mademoiselle de Langeac, qui était plus libre qu’aucune de nous avec elle, l’arrêta et lui exposa assez [Note du transcripteur : mot illisible] ment