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y promener avec autant de sécurité qu’elles l’eussent fait en plein jour… La fête était impérialement belle, et rien ne fut épargné dans le but de donner aux Espagnols une haute idée de l’empereur, s’ils voulaient le juger d’après ses lieutenans.

Dans un bosquet assez voisin du palais, entre une heure et deux du matin, plusieurs militaires français s’entretenaient des chances de la guerre, et de l’avenir peu rassurant que pronostiquait l’attitude même des Espagnols présens à cette pompeuse fête.

— Ma foi, dit un Français dont le costume indiquait le chirurgien en chef de quelque corps d’armée, hier j’ai formellement demandé mon rappel au prince Murat. Sans avoir précisément peur de laisser mes os dans la Péninsule, je préfère aller panser les blessures faites par nos bons voisins les Allemands ; leurs armes ne vont pas si avant dans le torse que les poignards castillans… Puis, la crainte de l’Espagne est, chez moi, comme une superstition… Dès mon enfance j’ai lu des livres espagnols, un tas d’aventures sombres et mille histoires de ce pays, qui m’ont vivement prévenu contre les mœurs de ses habitans… Eh