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il lui était demandé compte : sa conscience, s’il eût voulu prendre le soin de l’interroger, n’eût point été en peine de lui apprendre quel était son crime ; la chose une fois bien expliquée, ce qu’il aurait eu de mieux à faire, c’eût été de se mettre en prières jusqu’au matin, puis, le jour venu, d’aller à sa paroisse faire dire une messe pour le repos de l’ame de Pierre Leroux : au moyen de ces expiations et de quelques aumônes faites aux pauvres prisonniers, peut-être eût-il recouvré le repos de sa vie, et se fût-il pour jamais dérobé à l’obsession dont il était l’objet.

La pensée de sa nuit de noces, qui l’occupait alors, ne lui permit pas de songer à ce pieux recours. Le cœur chaud de désirs, il se sentit le courage d’entrer en lutte ouverte avec le fantôme qui venait lui disputer sa fiancée, et il essaya de le saisir par sa chevelure pour le jeter hors de l’appartement. Au mouvement qu’il fit, la tête ayant compris son intention commença à grincer des dents, et comme il avançait la main sans précaution, elle lui fit une morsure profonde : mais cette blessure augmenta encore la rage du valeureux époux, il regarda autour de lui pour chercher une arme, alla ramasser dans la cheminée la barre