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coucher de la mariée, et quelques matrones qui s’étaient jointes d’office au cortége. D’un ton ému, et en lui serrant vivement la main, sa belle-mère lui dit à voix basse quelques paroles ; on voyait qu’elle lui recommandait sa fille. M. Desalleux répondit par quelques mots affectueux et par un sourire, et certes à cet instant il ne songeait pas à Pierre Leroux.

Au moment où il ferma la porte de la chambre, sa fiancée était déjà couchée ; par un arrangement qui lui parut étrange, les rideaux du lit avaient été tirés sur elle ; pas un bruit ne se faisait entendre.

La solennité de ce silence, l’obstacle inattendu de ce rideau, dont l’ouverture allait nécessiter une certaine diplomatie, redoublèrent chez le marié un embarras d’autant plus facile à comprendre qu’il s’était rarement donné l’occasion de s’aguerrir, de manière à mener lestement de pareilles rencontres. Son cœur battait violemment, et un frisson lui courait par tous les membres, en regardant la robe et les parures de noces, jetées autour de lui dans un gracieux désordre. D’une voix mal assurée il appela sa fiancée. N’ayant pas reçu de réponse, il retourna, peut-être pour gagner du temps, vers la porte, s’assura de nouveau qu’elle