Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/360

Cette page n’a pas encore été corrigée

de ceux qui étaient venus pour assister à un spectacle furent obligés de demander à leurs voisins si la chose était déjà faite, et alors ils jurèrent bien qu’on ne les prendrait plus à se déranger pour si peu.

Trois mois s’étaient écoulés depuis que la tête et le corps de Pierre Leroux avaient été jetés dans un coin du cimetière, et, selon toute apparence, la fosse ne recélait plus que ses ossemens, quand une nouvelle session des assises s’étant ouverte, M. Desalleux eut encore à soutenir une accusation capitale.

Le veille du jour où il devait porter la parole, il quitta de bonne heure un bal auquel il avait été invité avec toute sa famille, dans un château des environs, et revint seul à la ville, afin de préparer sa cause pour le lendemain.

La nuit était sombre ; un vent chaud du midi sifflait tristement dans la plaine, cependant que les bourdonnemens de la fête dansaient encore à son oreille.

Aussi il ne tarda pas à être saisi d’une grande mélancolie. Le souvenir de bien des gens qu’il avait connus, et qui étaient morts, lui revenait ; et, sans trop savoir pourquoi, il se mit à songer à Pierre Leroux.