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l’exaltation religieuse ; ses souffrances et l’aspect de la mort accrurent cette disposition qui prit vers la fin de sa vie un caractère d’enthousiasme très-prononcé. Sa sœur Marie, assise auprès de son chevet, écrivait sous sa dictée des hymnes ou chants religieux qu’elle composait quand elle se trouvait mieux. On sait que la versification anglaise offre peu d’obstacles, se charge de peu d’entraves, et que le sentiment poétique se meut librement dans le rhythme qu’il veut choisir. Ces hymnes de la mourante sont magnifiques ; mais pour les reproduire dans leur énergie, le talent de Lamartine serait nécessaire. Un soir la vieille tante s’aperçut que les doigts blancs et amaigris d’Emma ne remuaient plus et restaient croisés sur sa poitrine ; tout était fini !

Marie restait seule ; c’était la plus âgée et la plus délicate des trois sœurs. Dans l’isolement où elle se trouvait, et douée d’un caractère passionné, qui sait si la mort ne fut pas un asile pour elle ? Du moins elle la contempla sous cet aspect. Des symptômes assez légers, mais heureux, nous donnaient une lueur d’espérance.