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Nous prétendons aussi maintenant nous rapprocher du vrai en littérature ; et quand le vrai se présente sans parure, nous lui demandons encore le trivial, le bizarre et le niais pour relever sa faiblesse et assaisonner sa fadeur. Je n’offrirai donc ces souvenirs que comme une réalité triste que j’ai vue et qui m’a touché : qu’on prenne ce récit, non pour mien, mais pour vrai, comme dit Montaigne.

Leur père, resté veuf de bonne heure, était un de ces gentilshommes de campagne (country gentlemen) qui réunissent dans leurs manoirs demi champêtres, demi seigneuriaux, à peu près tout ce qui peut contribuer au bonheur réel de l’homme, et faire passer doucement la vie : considération publique, bien-être, richesse, le moyen et la fréquente occasion de faire le bien. C’est une existence dont ne peuvent donner l’idée, ni les villes d’Italie, ni nos anciens châteaux, ni l’opulente élégance de nos habitations de campagne. Plus domestique, plus agreste, elle réunit l’ordre, l’aisance, un luxe qui n’est pas de la magnificence, une certaine élégance chaste, qui ne semble destinée qu’à augmenter