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voisin qui pût fermer l’œil, tant fut bruyante et prolongée la prise de possession.

Quant à Tobias, pendant une partie de la nuit il ne cessa de se redire à lui-même ce qu’il avait déjà proclamé dans le salon du gouverneur, à savoir que sa gloire était immortelle. Pendant une autre portion du temps, il se roula avec délices dans cette pensée qu’il était riche. 15,000 et quelques cents livres, tout bien compté ; c’était sa fortune, il pensa que cela faisait beaucoup. Pour mieux s’en assurer, il promena son esprit à travers toutes les fractions dans lesquelles ce chiffre était divisible ; il compta une à une ses pièces d’or, et comme il avait éteint sa lampe et qu’il ne pouvait plus les voir, il se plaisait à les rouler dans ses doigts, à en sentir le coin, et ensuite il les ramassait dans sa bourse, afin de les peser et de les tenir toutes ensemble dans sa main ; cela le mena jusque vers les trois heures du matin : à ce moment il s’endormit.

Le lendemain, il se réveilla de bonne heure, et en se réveillant il fut comme un homme qui la veille ayant été pris du sommeil au milieu des pensées joyeuses du vin et de l’ivresse, se retrouve le matin la tête pesante, l’esprit lourd et fatigué et le cœur mal content. Une idée