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recherche conjugale donnait lieu ; on se poussait, on se pressait ; on comparait les résultats de son investigation ; jusqu’aux petits enfans avaient leur kail.

« Pauvre Will Haverel ! s’écria Muirlaud, jetant les yeux sur la racine que tenait en main un jeune garçon, ta femme sera tortue ; ton kail ressemble à la queue de mon porc. »

Puis, ils s’assirent en rond, et l’on se mit à expérimenter la saveur de chaque racine ; une racine amère désigne un méchant mari ; une racine sucrée, un mari imbécile ; une racine odorante, un époux de bonne humeur. A cette grande cérémonie succéda celle du tap-pickle. Les jeunes filles vont, les yeux bandés, cueillir chacune trois épis de blé. Si le grain qui couronne l’épi se trouve manquer à l’un d’entre eux, on ne doute pas que le mari futur de la villageoise n’ait à lui pardonner une faiblesse commise avant l’heure nuptiale. O Nelly ! Nelly ! tes trois épis étaient à la fois privés de leur tap-pickle, et l’on ne t’épargna pas les railleries. Il est vrai que la veille même le fause-house, ou grenier de réserve, avait été témoin d’une causerie bien longue entre toi et Robert