Page:Bally - Le Langage et la Vie, 1913.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’ÉVOLUTION SOCIALE ET LE LANGAGE

Cherchons dans une autre direction une confirmation de la thèse progressiste. Puisque le langage est au service de la vie sociale, peut-être répond-il toujours plus à un idéal social ? Peut-être trouve-t-il au moins, dans la poursuite de cet idéal, moins d’obstacles que dans l’accomplissement de sa fonction logique ?

Quelle est la fonction sociale du langage ? Sans doute, de permettre à tous les membres d’une communauté de se comprendre sur toute l’étendue du domaine linguistique. Il faut pour cela que la langue soit portée à un haut degré d’unification, et il est certain que toutes les langues civilisées tendent vers ce but.

Elles s’en rapprochent au fur et à mesure que disparaissent les particularités individuelles et dialectales ; cette disparition est d’autant plus rapide que la civilisation se développe et que la conscience sociale grandit. Alors les dialectes s’abaissent au rang de patois ; les patois eux-mêmes s’éteignent ; les innovations sont soigneusement contrôlées, les néologismes ne pas-