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besoin, des choses qu’on peut pas aller contre) ; incorrections intéressantes pour la psychologie du langage (Il fait de plus en plus moins froid), enfin et surtout incorrections dues à l’affectivité et à la tendance expressive (Des feuilles comme ça minces. Il y a tout plein de fleurs dans ce pré. Je me suis toute salie ma robe. Vous avez votre chapeau plein de poussière. Le cortège aura lieu, pluie ou pas pluie).

Mais dans le domaine de l’expression, il n’est pas de recherches plus intéressantes que celles que l’on fait, par introspection, sur son propre langage ; réfléchir sur les expressions qui viennent spontanément à l’esprit et à la bouche, cette forme d’enquête est non seulement la plus aisée et la plus sûre, mais c’est aussi la plus précieuse ; ce n’est que le parler individuel qui peut vraiment révéler les rapports entre la pensée et le langage. Le linguiste ne devrait donc négliger aucune occasion de noter scrupuleusement, jusque dans ses incorrections, les formes caractéristiques de son parler individuel, pour mieux se rendre compte des faits de pensée qui déterminent dans chaque cas, le choix ou la création des expressions qu’il emploie spontanément.

Telle est l’esquisse, très imparfaite, de ce que