Page:Bally - Le Langage et la Vie, 1913.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sorte que, dans la masse énorme des faits livrés par l’enquête dialectale, on trouverait peu de choses à glaner pour l’étude qui nous occupe. Et pourtant nulle part mieux que là on ne surprendrait les caractères de l’expression spontanée

Il faudrait donc, si je puis dire, commencer par l’autre bout. C’est la pensée et la vie qui seraient prises comme fondement de toute la recherche. Dans ce milieu naturel du langage, qu’on pourrait découper en compartiments (en s’attachant à certaines circonstances de la vie, à certains rapports sociaux, en choisissant telle classe, telle occupation, etc.), on étudierait les types d’expression qui se présentent sous forme de contextes suivis, de conversations prises sur le vif, de récits, de développements de toute sorte. Ce n’est qu’insensiblement qu’on arriverait à envisager la forme des phrases, les types syntaxiques ; de la grammaire on passerait au vocabulaire (emploi des mots, changements de sens, emplois métaphoriques, créations de néologismes). En descendant jusqu’à la prononciation, on réglerait sur les mêmes principes que le reste cette dernière partie de l’étude ; c’est l’expression qui devrait la motiver, si bien que tout fait de prononciation qui ne symboliserait aucun fait de