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lyser et d’ordonner sa pensée, parce que la première condition pour arriver à ses fins est d’être compris ; toute compréhension repose sur une analyse ; les mots, leur enchaînement, l’ordonnance des phrases est le reflet linguistique de cette analyse. Il s’agit là d’une opération intellectuelle au premier chef ; mais il n’en est pas moins vrai qu’elle ne se fait pas pour l’amour de la compréhension ; compréhension et analyse ne sont que des moyens d’atteindre le but.

En général, la compréhension est facilitée par le milieu, la situation, les circonstances où se déroulent la plupart des conversations en pleine vie ; dans les trois quarts des cas, les interlocuteurs parlent de faits qui sont connus des uns et des autres ; ils opèrent sur une situation matériellement claire ; l’endroit où ils se trouvent leur offre souvent les éléments d’information dont ils ont besoin (par ex. un magasin où l’on va acheter quelque chose) ; tout cela est comme un canevas sur lequel on peut broder à sa guise. Mais il n’en est pas toujours ainsi ; il arrive que le parleur doive faire connaître à l’écouteur des choses que celui-ci ignore et qui sont nécessaires pour que l’entretien aboutisse. Alors l’effort d’analyse est plus grand, parce que la compré-