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et l’intelligence sert à cette fin, mais son rôle est toujours celui d’un intermédiaire.

L’INTELLIGENCE ET LE LANGAGE

La prédominance des éléments affectifs et subjectifs de la pensée dans les formes de langage que nous étudions a peut-être créé l’illusion que l’intelligence ne joue aucun rôle dans les opérations linguistiques ; une pareille assertion ferait sourire, et j’ai, à plusieurs reprises déjà, mis en garde contre cette interprétation exagérée de notre thèse. La vie et le langage nous donnent dans une égale mesure l’image d’une organisation, plus exactement, d’une chose qui tend sans cesse vers l’organisation sans jamais y parvenir. Mais tout effort d’organisation repose sur une opération intellectuelle. Donc, il y a une intelligence au cœur des phénomènes du langage comme dans ceux de la vie. Seulement, nous le répétons une fois de plus, cette intelligence est moyen et non, comme on l’a cru, fin en soi. Tout homme qui agit et qui exprime son activité intérieure par la parole pour la communiquer aux autres ou la leur imposer, a besoin d’ana-