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d’expression adéquats à la forme de sa pensée, vous constaterez que l’intonation, le geste, l’expression du visage y suppléeront. On ne peut appeler quelqu’un sans y mettre un minimum d’expression, ne fût-ce que par la manière dont on prononce son nom. L’affirmation et la négation ne sont jamais pensées ni exprimées d’une façon entièrement objective ; aussi un oui ou un non deviennent-ils expressifs dans la mesure où l’on met de l’importance à affirmer ou nier quelque chose (par exemple, au lieu de oui, selon les circonstances : Certes ! Ma foi oui ! Pour sûr ! Mais oui ! Pourquoi pas ? Parfaitement ! À qui le dites-vous ? Je l’avoue ! J’en conviens ! D’accord ! C’est dit ! Soit ! Amen ! etc., etc.).

Rappelez-vous, dans le Gendre de Monsieur Poirier, la scène où Gaston feint de prendre au sérieux les ambitions de son beau-père, jusqu’au moment où il ne peut plus cacher son mépris.

Gaston. — Vous serez comte !

Poirier. ― Non, il faut être raisonnable ; baron, seulement !

Gaston. — Le baron Poirier !… Cela sonne bien à l’oreille.

Poirier. — Oui, le baron Poirier !

Gaston (il le regarde et part d’un éclat de