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giques. De plus, ils sont toujours affectifs en quelque mesure ; ce ne sont jamais des produits entièrement intellectuels.

C’est sous cette forme qu’ils apparaissent dans le langage et le modifient. Lorsqu’il nous arrive de dire qu’il fait chaud, qu’il fait froid ou qu’il pleut, il ne s’agit presque jamais d’une simple constatation, mais d’une impression affective, ou bien d’un jugement pratique, susceptible de déterminer une action ; nous exprimons le plaisir ou le déplaisir, l’intérêt ou le désavantage associés par nous, dans chaque circonstance, aux idées de chaleur, de froid ou de pluie. Il fait chaud veut dire, selon les cas : « Cette chaleur m’est agréable ou désagréable ; elle me fait du bien ou du mal ; elle est favorable ou contraire à mes intérêts ; je pourrai me passer de mes vêtements d’hiver, j’aurai de l’oppression ; mes récoltes vont pousser ou sécher sur pied, etc., etc. »

On le voit, un jugement de valeur peut être pensé subjectivement et être cependant exprimé aussi objectivement qu’un jugement logique. (Il fait chaud. La vie est courte.) Mais dans les formes les plus intellectuelles en apparence, la subjectivité de la pensée apparaît. Ainsi la