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Vers l’âge de vingt et un ans sa santé se raffermit, cet état de souffrance cessa, et avec lui cette alternative de ses sensations ordinaires et de ses sensations accidentelles, alternative qui auparavant modifiait toutes ses perceptions. Il ne lui resta plus, pendant quelques années, qu’un ébranlement de nerfs et une sensibilité très facile à émouvoir. Les notions qu’il s’était faites du temps et de l’espace subsistaient ; ses méditations sur l’homme collectif avaient la même suite et la même intensité. Il avait conservé une certaine habitude d’isolement qui le suivait jusque dans la société. Il se faisait une solitude, au milieu du monde. On le croyait distrait lorsqu’il était occupé à gravir les hauteurs de la pensée, à descendre dans les abymes des origines.

La lecture des poëtes et des philosophes le transportait plus facilement qu’un autre sur toutes les routes tracées par l’imagination et la science, et le plus souvent il s’en frayait de nouvelles. Nulle hypothèse sur les états suc-