Page:Ballanche - Vision d’Hébal.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dre son œil et de colorer les objets qui bornent son étroit horizon. Mais encore chaque molécule de lumière qui pénètre un tel œil tient une place dans l’espace, et chaque toise parcourue par elle a dû être parcourue dans un temps qui aurait besoin d’être répété cent soixante-quinze millions de fois pour composer une seconde.

« Supposez maintenant à une intelligence humaine la faculté d’arriver à cette appréciation du temps et de l’espace. Pénétrez plus avant dans l’hypothèse : supposez une intelligence humaine capable de la rapidité de conception analogue à la rapidité de sensations qu’il faudrait pour apprécier de telles mesures du temps et de l’espace. Il en résulterait que cette intelligence aurait, dans une seconde, une succession de pensées égale à toutes celles que pourrait produire l’intelligence humaine en général, dans l’état de veille, durant au moins quatre mois ; alors une minute équivaudrait à vingt ans