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REINE D’ARBIEUX

— Ma pauvre enfant !

Reine n’avançait pas.

— Où est ton mari ?

— Je n’ai plus de mari, dit-elle, je n’ai plus rien…

Elle semblait à bout de forces.

— Comment, balbutia Mme de la Brèche, suffoquée, ton mari t’a abandonnée. C’est épouvantable !

— Non, continua Reine, c’est moi qui suis partie.

La vieille dame la prit dans ses bras. Elle la croyait folle.

— Entre, mon enfant, dit-elle avec bonté, assieds-toi, chauffe-toi et ne parle plus.

Comme elle l’embrassait, la jeune femme fondit en larmes. Mme de la Brèche l’installa près de la cheminée. Elle tremblait de froid. Tout ce qu’elle disait semblait du délire.

— Où est Clémence ? demanda-t-elle à plusieurs reprises.

— Elle rentrera dans un instant. Mais il faut d’abord que tu te couches. Élodie va bassiner ton lit.

Quand Clémence arriva, elle trouva le salon obscur et entendit un remue-ménage discret au premier étage. Elle monta l’escalier d’un pas rapide. L’angoisse l’étouffait. La porte de la chambre d’amis était entr’ouverte : elle aperçut une lampe en veilleuse sur la cheminée, sa mère debout près du lit, et Élodie qui tournait une cuiller dans un