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REINE D’ARBIEUX

à s’en aller. La curiosité les tenait attachés, comme les mouches sur le sucre, à ces murs der­rière lesquels il s’était peut-être passé quelque chose.

Dans l’après-midi, à Bazas, les conversations allèrent de telle façon que M. Dutauzin rentra dans sa grande maison balzacienne, un quart d’heure avant que la pendule en marbre noir sonnât six heures, ce qui était une dérogation presque incroyable à ses habitudes. Il sortait du club des Pommes de terre, qui avait son siège au coin de la place, où les messieurs de la ville échangeaient chaque jour les nouvelles du pays, et causaient politique entre eux sans rien dépenser.

— Il paraît, confia-t-il à sa femme, après avoir fermé la porte, que le ménage Sourbets ne va pas.

— Qui te l’a dit ?

M. Dutauzin hocha la tête. C’était une chose répandue dans l’air. Depuis le clerc de Me Rivière, un bon garçon, que l’on rencontrait dans les rues, son grand nez au vent, regardant passer les alouettes, sans autre souci que d’organiser de temps à autre une pêche au goujon ou à l’écrevisse, jusqu’au rentier le plus assoupi, tout le monde en parlait.

— C’était inévitable, trancha Mme Dutauzin de sa voix aiguë.

Sans rien savoir, elle bâtissait l’histoire du jeune ménage : elle, une femme qui ne s’était jamais occupée de rien ; lui, une forte tête.