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REINE D’ARBIEUX

comprendre aux questions posées — c’était pour­tant clair comme le jour — et ce mouvement d’im­patience lorsque le juge avait relevé ses mala­dresses d’un mot incisif.

Sous le péristyle, ils s’arrêtèrent.

— Tout à l’heure, poursuivit l’avocat, lorsque l’affaire a été appelée, j’étais contrarié. Je ne vous voyais pas ! Mais, ayant rencontré M. Bernos en ville dans la matinée, j’ai bien pensé qu’il s’agis­sait d’un simple retard, et que vous l’auriez chargé de me prévenir si vous aviez été empêché.

Sourbets sursauta :

— Où l’avez-vous vu ?

Me Desfontaines eut l’impression qu’il venait de faire un impair.

— Je crois l’avoir aperçu vers dix heures. Je descendais du tramway. Le quai était très encom­bré. Comme il sortait du bureau de la Compagnie Transatlantique et marchait vite, l’air absorbé, il ne m’a pas vu.

À la grande surprise de l’avocat, Sourbets semblait cloué sur place. Ses veines se gon­flaient. Une couleur pourpre s’était répandue, sur sa figure.

— Est-ce qu’il était seul ? articula-t-il avec effort.

— Tout seul.

Sourbets lui serra brutalement la main et tourna le dos.

Les longues marches qu’il descendait lui sem­blaient soulevées par une houle. Le sang bourdon-